Histoire et patrimoine de Fontaine-le-Comte
Au fil de la Feuillante
Un paysage vallonné et boisé, traversé par le ruisseau la Feuillante.
Située au sud-ouest de Poitiers, la commune de Fontaine-le-Comte recouvre une superficie d’environ 1850 hectares. Vallonné et boisé, son territoire est marqué par d’importantes zones agricoles et forestières. Cette configuration paysagère est le résultat des grands défrichements initiés dès le XIIe siècle par la communauté religieuse de Fontaine-le-Comte et qui se généralisent dans la Vienne vers 1870 sous la pression démographique et économique.
La vallée de la Feuillante se caractérise par la présence de la forêt, alors que la partie est de la commune est constituée de champs et de bocages. La Feuillante, qui creuse une vallée dessinant des courbes de verdure en direction du Clain, tire sa source des fontaines qui ont donné le nom à la commune. Les romains connaissaient ce lieu car au Ier siècle, ils y ont capté l’eau et ont construit un aqueduc, à Basse-Fontaine, pour alimenter Poitiers.
Malgré une urbanisation rapide et récente, la commune conserve un caractère rural. Son paysage se caractérise au nord et à l’ouest par une vaste étendue de terres agricoles et par un habitat dispersé, dont des fermes isolées. Un réseau de voies secondaires, ourlées de boisements, s’y développe. Autrefois créés pour relier entre elles les fermes isolées, comme La Montagne, La Rourie, La Foy ou La Maison-Bruleau, les chemins d’accès sont aujourd’hui tombés en désuétude du fait de l’évolution de l’agriculture et des voies de communication.
Fontaine-le-Comte, du Moyen Âge à aujourd’hui
La fontaine qui est à l’origine du nom de la localité réunit ses eaux à celles de la source de Basse-Fontaine pour se jeter dans le Clain à 1 200 mètres en amont de Saint-Benoît. À proximité et sous l’église se trouvent les restent de dalles, témoins d’un système hydraulique complexe qu’a pu utiliser l’aqueduc antique de Basse-Fontaine.
La présence d’un dépôt de l’Age du Bronze et les vestiges d’un aqueduc gallo-romain suggèrent une occupation ancienne. La première mention de ce site est un acte de 1080 environ qui parle de la « fontaine du comte » (Fons Comitis).
Mais Fontaine-le-Comte ne prend de l’importance qu’à partir du Moyen Age. Le bourg s’installe autour de l’abbaye implantée au XIIe siècle suite à une donation de terres par Guillaume VIII, comte du Poitou et duc d’Aquitaine. Après la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, l’abbaye se relève puis décline à partir du XVIIe siècle. Des notables de Poitiers achètent des. terres à exploiter. A côté de l’élevage et de l’agriculture se développent des activités artisanales. Sous l’Ancien Régime existait une fabrique de tuiles et, au XIX siècle, des carrières, des fours à chaux et une forge.
Situé en fond de vallée, cerné par les bois et les parcelles agricoles, l’ancien bourg est contraint à un isolement et à un développement limité. La partie la plus ancienne du bourg se concentre autour de l’abbaye. Bénéficiant des mesures de protection patrimoniale et urbanistique, l’ancien bourg se trouve préservé d’une extension urbaine qui absorbe progressivement les anciens hameaux, tels Haute-Fontaine et La Bruère au nord et Chaumont à l’est qui forment aujourd’hui une zone urbanisée continue.
C’est à la fin du XXe siècle que s’opère un transfert d’activité de l’ancien bourg vers le plateau. La construction du lotissement communal, appelé Bois-Paris, favorise cette migration. L’explosion démographique amorcée dans les années 1975 donne lieu à une rurbanisation et nécessite la multiplication des services (mairie, écoles, équipements sportifs et culturels) et de commerces de proximité. Le développement des réseaux routiers et la proximité de Poitiers ont généré une urbanisation rapide, résidentielle, essentiellement constituée de maisons individuelles et de lotissements.
Châteaux etdemeures des notables poitevins
Après les périodes de troubles, la bourgeoisie poitevine acquiert fiefs et terres appartenant à l’abbaye. Une architecture de villégiature se développe jusqu’au XXe siècle.
L’Ancien Régime marque un changement: le château fortifié devient un château d’agrément, résidence qui se dépouille progressivement de tous ses attributs militaires. L’évolution formelle du château est le signe de changements de société avec la transformation progressive des usages et des goûts. La demeure est constituée de deux niveaux surmontés de combles éclairés par des lucarnes. Les toitures sont souvent construites à la Mansart et s’étendent uniformément sur tout le bâtiment. Les jardins, d’abord constitués en petits enclos, s’organisent par rapport au logis selon un ensemble hiérarchisé. Le logis principal se présente entre cour et jardin.
Le château dit « Logis » des Piliers
La première mention du domaine des Piliers, appelé aussi les Deffends, date de 1250.
En 1515, il est acheté par François Ardoin à l’abbaye de Fontaine-le-Comte avec la promesse de restaurer les bâtiments ruinés. Par la suite, la propriété est étendue au fil du temps par les différents propriétaires (familles Rataud, Acquet ou celle de Maître Louis de Sauzay).
Il faut attendre Pierre Guyon, maire de Poitiers en 1636, pour que le château soit reconstruit. Il est alors représentatif des châteaux du XVIIe siècle avec sa façade principale sur cour entourée de communs et accessible par le porche orné des armes de la famille Guyon.
Entre 1920 et 1925, d’importants travaux furent faits au logis, portant sur les lucarnes, le perron et l’entrée, le pavillon latéral qui fut surélevé, la construction d’une galerie au sud, la restauration de la chapelle et des tours d’angles. Comme tous les logis XVIIe construits aux abords de Poitiers par la noblesse, les Piliers se composent d’un logis en fond de cour, laquelle est entourée de trois ailes de communs et ouverte par un porche axial. Le logis comprend un corps central d’un niveau, agrandi d’une galerie à arcades au sud ; deux pavillons et deux tours rondes. Ces tours donnent sur le nord où l’élévation est agrémentée d’une terrasse entourée d’une balustrade. Le décor se cantonne aux nombreuses lucarnes à ailerons, frontons triangulaires et acrotères à boules, ainsi qu’aux portes sous frontons cintrés. Les pièces d’apparat s’ouvrent au nord sur un jardin entouré de fossés et dans lequel se trouve une colonne sommée d’une urne.
En 1991, le bâtiment est partiellement inscrit aux Monuments Historiques (MH).
Les maisons de campagne situées à La Grange-Neuve, à Préjasson et au Léjat sont bâties aux XIXe ou XXe siècles. Au cœur d’une vaste parcelle, elles sont entourées d’un parc clos par un mur haut. L’accès est matérialisé par un portail à piliers en maçonnerie et vantaux en ferronnerie. Ces demeures résidentielles de notables poitevins sont accompagnées de communs et parfois d’un logement de fermier et d’anciens bâtiments d’exploitation agricole. L’élévation de la façade est régulière, souvent ordonnancée, c’est-à-dire symétrique. Le toit, à longs pans et à croupes, est généralement couvert en ardoise, avec parfois une corniche moulurée.
Le bâti traditionnel
L’ancien village est constitué de maisons de bourg et de maisons rurales. Le bâti s’organise autour de cours collectives et d’accès privatifs; mais cette implantation a sans doute été rapidement limitée par le dénivelé. Progressivement, quelques maisons se sont établies en alignement de part et d’autre de la voie principale, conférant au bourg l’aspect d’un village-rue. Autour de 1900, ce maillage s’est relâché par l’implantation de maisons de faubourg en périphérie. Le cimetière et l’école ont longtemps marqué les limites du bourg, qui tend aujourd’hui à se prolonger vers l’est pour rejoindre le lieu-dit du Four.
Les écarts regroupent des petites exploitations agricoles ou maisons rurales. Se rencontrent deux types de configuration: Chaumont, La Torchaise, La Bruère, Basse et Haute-Fontaine composent un ensemble hétérogène de fermes et de maisons, tandis que les écarts tels que Basse-Barberie, Le Poizac et La Devinalière se distinguent par leur caractère exclusivement agricole. Si l’organisation parcellaire est dense, le bâti est peu serré, agrémenté d’espaces extérieurs nécessaires aux activités agricoles.
Le bâti isolé se caractérise majoritairement par sa fonctionnalité agricole. Peu tributaire de contraintes spatiales, cette architecture suit l’évolution des techniques agricoles qui suppose bien souvent l’extension de l’exploitation par l’ajout de dépendances. Peu de fermes disposent d’un mur de clôture, rares sont les accès matérialisés par des portails monumentaux. Les maisons nobles sont implantées au cœur de vastes parcelles, circonscrites par de hauts murs de clôtures et aménagées en parc d’agrément. Elles se caractérisent par une architecture ostentatoire s’affranchissant, par souci d’originalité, des modèles traditionnels environnants.
Marquée par l’emploi de matériaux locaux, extraits ou fabriqués à proximité, l’architecture traditionnelle, antérieure au XX siècle, est construite en moellons de calcaire nécessitant l’application d’une couche de protection faite d’un enduit à la chaux. L’emploi de la pierre de taille est réservé aux chaînes d’angles, aux encadrements des ouvertures et à l’appareillage des murs des édifices prestigieux. La couverture est majoritairement en tuile creuse jusqu’à la fin du XIX siècle. Le recours à l’ardoise se répand sur les maisons de notables, facilité par la modernisation des modes de transport. Puis dans la première moitié du XX siècle, l’utilisation de la tuile mécanique se développe.
Les fermes rassemblent une maison d’habitation et une ou plusieurs. dépendances affectées aux activités agricoles et à l’élevage. L’ensemble est desservi par une cour. Les puits, vergers et mares qui existaient autrefois, se raréfient. Dans les écarts, les anciennes fermes sont établies dans le prolongement l’une de l’autre ou en agrégat. Cette configuration répond à un principe d’économie: la mitoyenneté permet d’économiser des matériaux, évitant de surcroît la déperdition de chaleur. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, sont construites des exploitations plus vastes à bâtiments séparés résultant souvent de l’évolution des besoins, des ressources, des activités et de la technique.
Soumise à une disposition parcellaire resserrée, la maison d’habitation est principalement implantée en mitoyenneté et en alignement sur la voie. Jusqu’au XIX siècle, l’habitation est modeste et fonctionnelle, présentant un caractère plus rural qu’urbain, les décors sont très limités. Les façades des maisons sont rythmées par des alignements d’ouvertures ou travées dont la répartition permet de comprendre l’organisation intérieure. Les maisons de la seconde moitié du XIX siècle sont recouvertes d’un enduit soulignant le chaînage d’angle et les encadrements. Quelques linteaux de porte sont ornés d’une croix peinte à la chaux, en guise de bénédiction.
Source : Histoire et Patrimoine de Fontaine-le-Comte – Villes et Pays d’art et d’histoire.
Répondant à un objectif de connaissance, l’inventaire du patrimoine culturel, mené par l’ex-CAP en lien avec les communes hors Poitiers, a permis d’identifier le patrimoine architectural dans toute sa diversité, et notamment de révéler les caractéristiques du bâti traditionnel.
Compilation et recherches documentaires assurées par le service culturel de la mairie de Fontaine-le-Comte.
Sources bibliographiques :
- Communauté d’agglomération de Poitiers – Grand Poitiers Communauté urbaine ;
- Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine ;
- Monumentum – Carte des monuments historiques français ;
- Plateforme ouverte du patrimoine (POP) du Ministère de la Culture ;
- Matteo Ferrari, Fontaine-le-Comte, abbaye Notre-Dame, église abbatiale ;
- Centre théologique de Poitiers, atelier Histoire et Foi, 2007.